Grand Chelem Tennis Wii - LE TEST -

Bien que le tennis soit un des sports les plus populaires de la planète, il est paradoxalement peu représenté dans le monde du jeu vidéo. Si l’on excepte quelques titres sur support console (Final Match Tennis, Super Tennis, Smash Court Tennis & co), peu de titres ont réussi à retranscrire de manière fidèle ce sport et l’intensité que ressent un joueur lors d’un match.

Ce n’est que depuis quelques années que les éditeurs de jeu vidéo, après avoir longtemps tiré sur la corde footballistique, se sont enfin décidés à développer sérieusement ce genre. SEGA tout d’abord qui grâce à sa série arcade Virtua Tennis s’est imposé comme le maître en la matière, offrant du même coups ses lettres de noblesse à la Dreamcast.

Puis, l’arrivée d’un jeune studio français de surcroît, PAM, a changé la donne en sortant le fabuleux Top Spin sur console Xbox qui rencontra un énorme succès de par son côté simulation davantage poussé que chez le concurrent direct. Si on excepte la fausse note du second opus, le dernier volet  renoue avec le succès de son aîné pour proposer une expérience de jeu proche du réalisme tennistique grâce à sa jouabilité calquée sur le principe des mouvements de frappe de la balle. Etonnamment, il restait un éditeur majeur pourtant leader dans le domaine du sport virtuel qui ne s’était jamais essayé au genre et était toujours resté en retrait sur ce sport: Electronic Arts.

It’s in The Game !

Grand Chelem Tennis signe donc l’arrivée d’EA Sport sur les courts. Au vue du retour en grâce de sa licence FIFA et des moyens humains dont disposent l’éditeur, on n’était en droit d’attendre de cette nouvelle licence l’arrivée de la simulation ultime de tennis. Ne faisant rien à moitié, l’éditeur s’était même empressé d’annoncer l’acquisition des droits sur les quatre  tournois légendaires du Grand Chelem et le soutien de la plupart des joueurs évoluant sur le circuit ATP chez les garçons et WTA chez les filles. Avec pour la France, un ambassadeur de taille en la personne de Jo-Wilfrid Tsonga à la forte popularité auprès des jeunes. Bref toutes les cartes étaient désormais dans les mains d’EA Sports pour effectuer une entrée fracassante sur la scène du tennis virtuel. C’était sans compter sur la nouvelle politique de l’éditeur dans sa quête de renouvellement de l’expérience du joueur. Et c’est donc sur la Wii de Nintendo que GCT ferait ses premiers pas, inaugurant par la même occasion le nouvel accessoire censé relancer les ventes de la console : le Wii Motion Plus.


Play ! Game ! Set !

A l’image de ses concurrents, GCT vous propose trois modes principaux de jeux. Tout d’abord, le mode solo où on vous invite soit à suivre un entraînement afin d’acquérir les bases de la frappe de balle ainsi que dans vos déplacements,  soit de faire une partie rapide contre l’ordinateur en simple ou en double. La partie multijoueur vous propose quant à elle de vous éclater entre amis jusqu’à quatre joueurs en local ou en ligne, simple ou double. Enfin, le mode carrière vous demandera de faire évoluer votre joueur durant plusieurs saisons au travers des quatre tournois du Grand Chelem : l’Open d’Australie, Roland Garros, Wimbledon et l’US Open.

Dans la mouvance de Wiifit, l’option « Objectif forme ! » vous permet suivre l’évolution dans la perte de vos calories en fonction de votre temps de jeu : toujours intéressant de savoir que vous perdez plus de 200Kcal durant 2 heures de jeu intense. Et intense n’est pas un mot pris à la légère dans GCT !


Project Nadal

Passons le mode solo sans surprise pour nous concentrer sur le mode carrière. Désormais une habitude dans ce type de sport, il vous sera demandé de créer votre propre joueur, de son allure physique aux vêtements et équipements. EA oblige : les principaux équipementiers répondent présents dans le jeu : Adidas, Nike, Babolat, Head, Wilson, Prince, etc. Aucun problème donc pour ressembler à son joueur préféré d’un point de vue vestimentaire tout du moins. Une fois les caractéristiques plus personnels rentrés (nom, prénom, nationalité), votre  carrière commence alors.


The Prince of tennis

De prime abord, il vous est conseillé de vous entraîner un peu avant de vous lancer dans la jungle des tournois. Passé l’échauffement, différents événements s’offriront à vous tout au long de votre carrière de professionnel du tennis : tout d’abord la possibilité de participer à des minis jeux qui vous permettront d’enrichir votre garde-robe. Mais ici, il n’est pas question d’épreuves fantaisistes comme renvoyer dix balles sur un crocodile ou jouer au bowling : les épreuves respectent en effet des règles bien précises.

Comme par exemple, marqué le plus de points dans un temps imparti, remporter un match à un contre deux ou encore doubler vos points en jouant au filet. Durant votre carrière, vous rencontrerez également des légendes du tennis (de Björn Borg à John Mc Enroe ou encore Pete Sampras) qui vous lanceront systématiquement un défi: dans le cas où vous remporteriez votre duel, vous assimileriez alors automatiquement l’aptitude principale de votre adversaire. Une idée plutôt intéressante qui vous permet de personnaliser votre joueur de manière plus fine, le nombre de compétences allouables autorisées étant de trois au maximum.

 

 

Road to the Victory

Enfin, votre carrière vous amènera à jouer les tournois du Grand Chelem : chaque tournoi vous demandera de jouer directement les phases finales, des 1/16ème de finale à la grande Finale, soit cinq matchs. Selon le mode de difficulté choisi, vous remporterez ou non des points de compétences pour améliorer votre niveau de jeu. On notera le souci tout particulier accordé à la modélisation des courts principaux et annexes, bien qu’en nombre finalement assez limité, ainsi qu’au respect de la langue des arbitres de chaise. Par contre, les commentaires restent désespérément en anglais et sans imagination, tandis que le public bénéficie d’un effet « feuille-de-papier-à-la-Parappa-The-Rapper-à-deux-animations-à-la-seconde» du plus bel effet : « kick, punch, don’t pay attention to them ! » comme dirait Old Master Onion…


Les Quatre Mousquetaires

Passons au mode multijoueur : outre la possibilité de jouer en simple ou en double, vous aurez accès également au mode mini-jeux. Dans ce mode, vous retrouverez l’ensemble des mini jeux du mode carrière, au nombre total de douze, désormais disponibles. Une idée sympathique pour renouveler l’intérêt du jeu par ses règles qui pourraient, pourquoi pas, être appliquées dans la réalité tennistique… Le mode en ligne est lui plus succinct puisqu’il ne vous laisse le choix qu’à jouer des parties en simple ou en double avec les règles classiques. Il vous sera en outre demandé de créer un profil EA pour pouvoir bénéficier de l’ensemble des fonctionnalités du mode online. Vous pourrez alors soit jouer entre amis, soit vous lancer dans une partie ouverte, avec ou sans classement. Malheureusement, la recherche des adversaires est pour le moins aléatoire et aucune possibilité de faire une recherche en fonction du niveau ou de la nationalité de l’adversaire n’est proposée. Selon que vous remporterez un match ou non, vous gagnerez ou perdrez des points de compétences au fur et à mesure.

Par contre, la bonne surprise provient des statistiques de classement, plutôt complets : en plus d’un classement des joueurs en fonction de la période (jour, semaine, mois), d’autres classements sont proposés : Top 100 simple, top 100 double et le classement par nation. Dans ce dernier, au moment où j’écris, j’étais assez surpris de constater d’une part que toutes les nations quasiment sont représentées mais que d’autre part le classement ne reflétait qu ‘assez peu le niveau tennistique mondial dans la réalité professionnelle. Si les trois premières places reviennent aux Etats-Unis, à la France et l’Allemagne, la Russie se retrouve 17ème et l’Espagne écope d’une piteuse 67ème place  sur 68 ! Un classement biaisé puisque fonction du ratio du nombre de victoires sur le nombres de défaites mais bon, quand même !


Tennis bon ni mauvais

Niveau technique, GCT ese révèle être un jeu dans la moyenne des productions sur Wii, à savoir, des graphismes assez simplistes avec un côté cartoon SD (comprendre « super deformed ») qui pourra choquer les puristes : on aime ou on aime pas !

On ne peut nier néanmoins le talent des artistes d’EA pour avoir fait ressortir les traits caractéristiques de nos joueurs stars : c’est bien simple, on les reconnaît globalement tous rien qu’à leur visage ou à l’animation de leur gestuel propre à chacun. Nadal et son short trop serré, jambes tendues en fond de court prêt à bondir sur la balle ; Mc Enroe balançant sa raquette de rage à chaque point manqué ; ou Federer exhultant au moment d’un point décisif. De même les cris (surtout chez les femmes) lors de chaque frappe sont bien là, tout comme les gestuels de services ou de frappes. Du beau boulot donc, si ce n’est qu’on pourra regretter l’aspect un peu « pantin expressif mais muet comme une carpe» des joueurs et joueuses entre chaque point.


Wii Motion Plus : Wiimote version 1.5

Enfin, venons en ce qui nous intéresse en premier lieu : la jouabilité et surtout l’apport du fameux accessoire de Nintendo, le Wii Motion Plus. Celui-ci est vendu en bundle avec le jeu mais il vous sera possible également de l’acheter séparément notamment pour jouer à plusieurs. Autant vous donner la couleur tout de suite : ne vous attendez pas à une synchronisation parfaite aussi bien dans les mouvements que dans la réactivité. Ici, on reproduira les gestes basiques du tennis : haut en bas pour donné un effet accéléré à la balle ; tout droit pour un coup à plat ; de bas en haut pour un effet lifté. La puissance des coups est également prise en compte, avec plus ou moins de réussite. Des petites subtilités viendront également s’ajouter à l’aide du bouton A et de la gâchette, destinés respectivement au lob et à l’amorti.

Deux jouabilités vous sont proposées : wiimote seule ou wiimote + nunchuku. Ce dernier est recommandé en mode avancé et on comprend pourquoi : si en mode wiimote seul, on s’en sort à peu près puisque le personnage est contrôlé par l’ordinateur et que vous ne vous occupez que du travail de frappe et d’orientation de la balle, l’arrivée du nunchuku vous sollicite sur le contrôle  du personnage et demande un certain temps d’adaptation car le travail de placement est primordial, comme dans le vrai tennis, sous peine de voir sa balle partir n’importe où. On pestera cependant sur le système de service pas toujours très rigoureux où il faudra frapper comme une mule pour obtenir un service correct, en plus de la taper bien en haut. Résultat : on se retrouve lessiver passer la demi-heure et on passe son temps à rechercher la moindre bouffée d’air dans son appartement ! Ajoutons que si l’ajout du nunchuku est salvateur pour placer les balles au niveau du service, en son absence, le déplacement se fait avec la croix de la wiimote, position qui n’apparaît pas des plus confortable vous en conviendrez.


MON LOVE BAROMETRE

pourri ! >  bof ! > PAS MAL! > chouette! > génial !

Petit Chelem Tennis?

Alors finalement que penser de ce Grand Chelem Tennis ? En se démarquant de ses concurrents par son design cartoon plutôt que réaliste mais avec une jouabilité assez proche de la simulation, EA Sports fait un pari qui pourrait s’avérait gagnant. Son accessibilité immédiate en configuration "tennis façon Wii sport"  plaira sans doute au grand public qui trouvera dans le titre un jeu plus complet que son représentant de chez Nintendo. Pour les joueurs plus en proie à l’aspect technique, ils seront séduit par les subtilités du couple nunchuku + wiimote et la palette de mouvements des joueurs.

Reste qu’un effort supplémentaire aurait pu être fait sur les modes de jeux,, le nombre de courts (seulement douze soit trois par tournoi!) les graphismes 3D sympas mais un peu trop simplistes, un mode en ligne sans surprise mais heureusement sans ralentissement ou lag génant, et surtout une jouabilité un peu approximative. Bref, un jeu qui remplit son cahier des charges sans aller plus loin, c’est dommage. Reste donc à voir si Wii Sport Resort se montrera meilleur ambassadeur du Wii Motion Plus, comme Wii Sport l’avait fait en son temps pour la Wiimote : on peut compter sur Nintendo là-dessus !

Les photos illustrant cet article restent la propriété de leurs auteurs: Electronic Arts / Nintendo / Sega / Microsoft

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